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Dans le bric-à-brac de sa caisse à romans (comme il la décrit en postface), Patrice Thomasse a trouvé matière à une première oeuvre très prometteuse. Son récit des découvertes du trio Mario-Nils-Olek est une réussite, un bel équilibre entre l’aventure et le parcours initiatique. L’aventure a pour point de départ la découverte d’une vieille Peugeot 203 et la capacité de Nils à "utiliser son imagination pour vivre".Le parcours initiatique s’ancre dans la mise à l’épreuve de l’amitié, l’expérimentation des chemins de traverse, le poids du défi (ivresse et frisson mêlés quand le projet se réalise). L’aventure qui commence sur un petit chemin tranquille, avec des crottes de chien, les conduira au commissariat. Mais la vraie découverte qu’ils font au passage est celle du temps. Au départ de l’histoire, Mario, la narratrice, se réjouit des dix minutes de sommeil qu’elle gagne chaque jour en préférant le bus 18 au bus 36. Après sa rencontre avec Papa Lucien, le vieux propriétaire de la 203, le temps prend une dimension plus tragique. Tragique, mais pas désespérée : Lucien est fripé, demi-paralysé, il a presque tout oublié du comment on vit, mange ou parle... mais il a encore un souvenir, pauvre souvenir d’amour qui l’emplit tout entier. Il va "utiliser" les enfants pour réaliser son dernier voyage, rejoindre son aimée, son Andrée. Lucien va mourir, les enfants grandir et nous attendre avec impatience le second roman de Patrick Thomasse.