Site en travaux

La couverture, superbe, résume le propos de l’album : au premier plan, tout en bas, une frêle végétation s’enracine profondément dans un sol plat et doré ; au-dessus s’étale une eau bleue-verte où s’ébat joyeusement une foule de poissons ; sur la rive lointaine, quelques grands arbres dénudés, un chaos de hautes montagnes aux couleurs vives, aux formes étranges qui se détachent sur un ciel bleu très pâle. Mais ce n’est pas tout : au-dessus de ce ciel doux et embrumé s’étale un autre ciel, noir d’encre celui-ci, et tout piqueté d’étoiles. Et juste à la jonction du ciel de jour et du ciel de nuit, on aperçoit la silhouette d’un tout petit cheval blanc qui va, l’air décidé, en quête d’on ne sait quoi. Au fil des pages, on comprend qu’il rêve de son papa, parti avant sa naissance pour un pays lointain et montagneux, auprès d’un lac fabuleux peuplé de poissons géants : " Cela doit être très beau pour qu’il soit parti en m’oubliant. " Sa maman lui affirme qu’il ne reviendra jamais, qu’il n’a même jamais voulu voir son enfant. Tant pis : le petit cheval est heureux car il sait qu’il ressemble à son papa et il s’entraîne pour être, comme lui, le plus rapide du troupeau : "Jusqu’à ce que je sente qu’il peut être fier de moi".Le texte est court, sobre, et on devine les sentiments du petit cheval à travers de grandes illustrations en doubles pages où les ciels changeants envahissent les trois quarts de l’espace : sa solitude, sa peine immense, son questionnement angoissé, mais aussi la puissance de ses rêves, son amour de la beauté, sa fierté, son courage, sa joie de vivre... tout se révèle dans les images aux couleurs somptueuses, au graphisme d’une extrême délicatesse. On pense parfois à Binette Schroeder, mais c’est encore plus beau, et plus riche !