Tu existes encore

Une couverture d’un gris doux avec au centre une photo en noir et blanc encadrée d’un filet bleu : on y voit des personnages aux contours flous qui s’éloignent, environnés d’une vibrante lumière blanche. Au fil des pages délicatement teintées de gris perle, des mots tout simples égrènent l’absence, la mort, le vide, le manque, le désir, la souffrance, la solitude. Corps poussière ou âme étoile, qu’importe ce qu’est devenu celui qui ne reviendra plus jamais : rien de tout cela n’amoindrit la détresse de celui qui est vivant... pourtant, il le répète à chaque page, comme un refrain : "Tu es mort mais tu existes encore". Ainsi, le poème dit cette évidence et ce paradoxe de la présence forte, constante, absolue de l’être aimé alors qu’il a disparu pour toujours : le poète parle et écrit à son amour qui est là, dans son coeur. Patricia Baud, en accord avec l’auteur, a choisi dans sa photothèque des clichés comme des fenêtres qui s’ouvrent sur un au-delà des mots. Alors que le texte est précis, concentré, lisse, retenu, et cerne au plus près la douleur et la puissance de l’amour, les très belles photos en vis-à-vis attirent le regard comme des énigmes et incitent à la rêverie, à la divagation : des images brouillées, opaques, embrumées ou au contraire très nettes, saisissant un regard, l’immobilité d’un banc vide dans un parc silencieux, ou bien d’abstraites formes minérales, des reflets figés dans l’eau, un immeuble qui s’effondre, deux mains qui s’accordent... Multiples éclats de mémoire éparpillés qui renvoient le lecteur, quel que soit son âge, à ses propres souvenirs.Un très bel album sur la mort mais aussi pour la vie, avec des images et des mots accessibles aux enfants comme aux adultes.