Bienvenue à une nouvelle maison d’édition qui affiche ses convictions !

Talents Hauts

Entretien avec Mélanie Decourt, co-fondatrice et éditrice de Talents Hauts

Article rédigé par Ariane Tapinos

Il y a quelques mois nous recevions à la libraire Comptines, lesdeux premiers albums d’une toute nouvelle maison d’édition Talents Hauts. Ces deux ouvrages, La Princesse et le dragon et Quand Lulu sera grande, s’inscrivent dans une collection dont ses créatrices parlent en ces termes « Des livres pour les filles que tous les garçons devraient lire. Et inversement.  »Des livres dont « les héros peuvent-être deshéroïnes, les mamans des femmes d’aujourd’hui et leshommes des papas modernes, les filles pas au bois dormant et lesgarçons pas les seuls à chasser ledragon... » Bref « des albums garantis 100 % sanssexisme » !

Intriguées par ces deux albums qui tordent le cou auxclichés sexistes et par ces propos ouvertementféministes, nous avons voulu en savoir plus sur Talents Hauts.

C’est Mélanie Decourt, fondatrice de Talents Hauts avec Laurence Faron, qui a répondu à nos questions.

Laurence et Mélanie ont travaillé toutes les deux dansl’édition scolaire où elles se sont rencontrées etliées d’amitié. Leur projet de maison d’éditionindépendante est venu d’une envie commune de faire des livresà elles. À ce jour, deux collections composent le jeune fonds deTalents Hauts : une collection de livres bilingues, qui propose uneformule originale dans laquelle les chapitres en français et enanglais se succèdent (si on veut connaître la suite del’histoire, il faut se coltiner à l’anglais !), et la collectiond’albums dont nous avons parlé plus haut. Pour cettedernière, le militantisme de Mélanie (qui aété présidente et porte-parole de l’associationMix-Cité de 2000 à 2002) a rencontré lapratique de Laurence qui comme « mèrelectrice » selon la jolie expression de Mélanie, enavait assez de faire l’imasse sur certaines images véhiculées dans bonnombres d’albums, images et propos qui l’obligeaient à sauterles passages qu’elle jugeait trop sexistes.

Tout n’est pas totalement négatif dans le constat que font alorsnos deux éditrices : dans l’ensemble, c’est bien mieux qu’il y aquarante ans et beaucoup de livres pour enfants trouvent grâceà leurs yeux, mais pourtant, le sexisme demeure de mise dans detrès nombreux autres ouvrages. Sans doute plus insidieusementqu’en ce temps que les moins de vingt ans..., mais peut-être,pour cette raison, de manière plus dommageable encore.Parallèlement, toutes deux observent qu’une nostalgieteintée de mode rétro propulse de vieux albums ringardsen tête de gondole. C’est le retour de Martine et de sa petiteculotte blanche ! (Pour celles et ceux qui douteraient ducaractère nocif des Martine, une relecture de Martine petitemaman, s’impose...). Enfin, Laurence et Mélanie observent queles auteur(e)s et éditeurs / trices des albums qui s’inscriventen faux contre les clichés sexistes se gardent bien de s’avouerantisexistes et féministes. Et c’est là que résidel’originalité de leur projet. Certes, admet Mélanie,tous les livres devraient être « 100% sanssexisme » mais puisque c’est loin d’être le cas, ilfaut placer la barre plus haut et assumer de faire des albumsféministes.

Depuis qu’elles se sont lancées dans l’aventure, elles ontnoué de nombreux contacts avec, d’une part, des auteurs etillustrateurs intéressés par leur démarche, etd’autre part, des utilisateurs et lecteurs de leurs livres.Utilisateurs au premier rang desquels on trouve de nombreux enseignantsqui constatent chaque jour que les tensions entre les garçons etles filles augmentent et que la sexuation des activitéss’opère de plus en plus tôt dans les cours d’école.

Conscientes de la difficulté de parler destéréotypes à de jeunes enfants, elles se donnentpour ligne éditoriale de toujours mêler le« message » au plaisir des histoires.Fidèles à leur projet de départ, les quatre albumsque va bientôt compter leur collection, privilégientl’humour et l’impertinence au service de leurs convictions. 

Editions Talents Hauts
PS :

A consulter aussi :- Bibliographie pour une littérature de jeunesse non sexiste- Ma mère- Moi, mon papa...