Zizis et zézettes

L’histoire des garçons et des filles


Vittoria Facchini
Édition Circonflexe
Paris, 2000
Collection Aux couleurs du Monde

Vittoria Facchini s’intéresse aux "Zizis et zézettes"...

L’album Zizis et zézettes est un album qui aborde le thème de la sexualité. L’indication d’âge recommande ce livre pour les enfants de cinq à six ans. C’est un album documentaire avec des dessins irréalistes vivement colorés et de style humoristique. L’auteure essaie d’éviter les termes techniques, elle utilise les mots du langage enfantin.Au début de l’album, V. Facchini introduit sa thématique en laissant supposer qu’il y a une différence entre filles et garçons. Elle indique des traits de caractère "typiques". Mais aussitôt, elle apporte une contradiction et mentionne qu’il y a aussi des exceptions. Sa conclusion est que la vraie différence entre les filles et les garçons, c’est le corps. L’auteure explique alors que les garçons ont un zizi et les filles une zézette en restant dans le langage enfantin. Malheureusement, la description des organes sexuels est imprécise et la relation que les filles et les garçons entretiennent avec "la zézette" et "le zizi" est sociologiquement très marquée.V. Facchini parle ensuite des changements du corps durant la croissance. Elle approfondit le sujet en décrivant ces modifications comme un perfectionnement des corps. Elle fait comprendre que les transformations du corps sont différentes de l’un à l’autre et qu’il ne faut pas en avoir peur. Pourtant, il reste des points à critiquer, parce que l’auteure transmet subliminalement des données culturelles du monde des adultes.Puis, elle parle de l’amour sur deux niveaux différents : l’amour des parents envers leurs enfants et l’amour entre les adultes. Elle explique que le corps connaît des moments de plaisir et de bonheur à chaque âge, ce que je trouve important de dire aux enfants.La conclusion est centrée sur la sexualité et ses conséquences. Elle ne réduit pas la sexualité à une chose corporelle. Le registre émotionnel est traité à égalité avec le registre corporel. Mais il demeure des inexactitudes dans les formulations et dans la description des faits biologiques. Ce qui mérite un peu plus d’analyse...

"Zizis et zézettes" à la loupe

L’album se compose de deux éléments : des dessins et des textes. Les illustrations ressemblent aux images des bandes dessinées, elles sont drôles et adoucissent le traitement du thème. On peut regretter l’absence de dessins de l’anatomie intérieure des organes et de la représentation de l’acte sexuel.À travers les textes, l’auteure essaie de donner des informations adaptées aux enfants. Elle écrit que le sexe est équivalent à l’amour. Elle utilise l’expression "faire l’amour" comme une action qu’on fait avec l’âme, le cœur et le corps. Par contre, elle laisse de côté des détails importants comme l’anatomie des organes sexuels féminins ou le fonctionnement de la menstruation et de la procréation.Si les dessins et les termes familiers utilisés sont compréhensibles par les enfants, la description des organes n’est pas correcte. Les organes génitaux féminins ne se limitent pas à l’extérieur du corps comme semble le montrer l’auteure, ils sont aussi internes.L’explication de la menstruation est également négligée dans cet album. L’auteure indique seulement "qu’une fois par mois, les filles utilisent des serviettes hygiéniques". Elle ne mentionne pas à quoi elles servent. Les dessins eux-mêmes n’aident pas à concrétiser leur utilisation. De plus, elle prétend que pendant cette période les filles sont "un peu bizarres". C’est un point de vue assez limité de la réalité, qui souligne le cliché des femmes étranges pendant leurs règles. À partir de cela, les garçons pourraient en déduire que lorsqu’une femme se comporte de manière inattendue, c’est qu’elle est en période de menstruation. La menstruation est une donnée physiologique, pas un phénomène de comportement.La principale critique à faire reste que la procréation est présentée d’une manière très approximative. La conception est associée à une décision, ce qui n’est pas toujours le cas... Et le fait de décider d’avoir un enfant n’est pas toujours immédiatement suivi d’un résultat. Il est étonnant que V. Facchini n’explique pas le rôle du pénis et du vagin dans la procréation. En fait, cette action est juste formulée par "l’homme donne plein de petites graines" et "la femme donne un des petits œufs", ce qui peut provoquer des représentations erronées chez les enfants.Suite aux critiques exposées, peut-on dire que cet album est adapté à l’éducation sexuelle des enfants ? Il n’en demeure pas moins que son contenu offre une base de discussion approfondie avec des adolescents. Ce qui mérite une approche plus didactique...

Les "Zizis et zézettes" à l’école

Ce projet concerne une classe de 10e au collège (4e année d’apprentissage du français, équivalent de la classe de 3e en France). Le premier objectif est d’obtenir une vue plus critique à propos des ouvrages scientifiques. Au niveau linguistique, les élèves apprennent du vocabulaire sur la sexualité, expriment leur opinion et s’entraînent à des présentations orales en langue française.Le projet sera divisé en quatre à cinq séances. À la première séance, le professeur introduit l’album. Pendant cela, les élèves créent un "cahier-lexique" sur la sexualité qui sera enrichi lors des séances suivantes. Parallèlement, ils prennent des notes à propos des thèmes traités. Après la présentation, les thèmes proposés sont recueillis au tableau.À la séance suivante, le professeur écrit les thèmes une deuxième fois au tableau. Il en choisit un et en fait une analyse avec toute la classe. Le professeur note dans une grille les points positifs (comme par exemple les illustrations sur la sexualité et les explications qui sont adaptées aux enfants) et les points négatifs (comme des erreurs de contenu, des clichés, ...) ainsi que les propositions d’améliorations trouvées par les élèves. Les élèves recopient cette grille dans leur cahier. Puis la classe est divisée en plusieurs groupes, de quatre personnes au maximum. Chaque groupe doit se mettre d’accord sur un thème pour le traiter d’après le modèle. À la fin du cours, toute la classe participe à une réunion d’atelier où chaque groupe présente l’état d’avancement des travaux.Dans la première partie du troisième cours, les groupes continuent leur travail. Ensuite, ils préparent la présentation de leurs résultats pour la prochaine séance.Lors des dernières séances, les groupes font leurs exposés qui peuvent se dérouler comme suit : d’abord ils présentent leur thème et les pages concernées. Les autres élèves réfléchissent sur les points à critiquer et prennent des notes sur ce qu’ils auraient travaillé. Ces notes ne sont communiquées qu’au moment de la discussion qui suit l’exposé.Le travail peut se terminer par un bilan, sous forme orale ou écrite selon les compétences des élèves, pour favoriser une approche critique des documentaires.

Un travail de Corinna Sauter
avec Simone Adler